21 novembre 2004

Le recul: en avoir (ou pas)


J'ai une théorie en bois sur le recul de "l'artiste" sur son oeuvre... enfin en l'occurence quand je dis "artiste" je pense "vidéaste amateur qui fait tout lui-même". Bref.

Lorsqu'on monte son film, hop hop, tout va bien, ça s'enchaîne, on tente des trucs, on est souple, malléable, et tout. Toutes les possibilités sont là, devant nous. C'est la première étape.

Une fois qu'on estime une séquence bouclée, on la laisse reposer, on la remate, éventuellement on change une ou deux choses, mais après c'est bon. On la laisse telle quelle. Et là, petit à petit, elle durcit comme du pain qu'on laisse dehors sans le bouffer (yeah la métaphore...).

C'est la deuxième étape: on s'habitue à ses raccords, à ses enchaînements de plans, on a tellement l'habitude de les voir qu'on ne les voit plus. On les acceptent tels qu'ils sont. Alors quand un bienfaiteur suggère de changer "ça ou ça", on écoute, on hoche la tête, mais c'est tout. Le film est tel qu'il est. C'est une réaction naturelle et c'est très dur de lutter contre. Enfin en tout cas c'est comme ça que je fonctionne, personnellement.

Viens alors la troisième étape, celle dans laquelle je suis là maintenant, à une semaine de la "premiere" du film, où le pain a tellement durcit qu'il devient très facile à casser (yeah encore la métaphore qui tue...).

Je m'explique: à force de voir, re-voir, re-re-voir le film des dizaines de fois pour les besoins du mixage, de la musique, etc... eh ben on en a marre. On le connaît par coeur de chez par coeur, et le film nous soûle. Et, vu qu'il n'est pas terminé, on peut encore le changer.

Et là on hésite plus... je suis en plein dans cette étape en ce moment. J'ai plus peur de tenter des choses, de prendre des blocs entiers de l'histoire et de les déplacer, de trancher dans le vif, etc... Et surtout je n'ai plus peur de couper des scènes que j'aime ! C'est ça le plus important...


C'est une étape vraiment agréable vu qu'on se sent à nouveau maître du film, on a envie de tenter des trucs, de l'améliorer jusqu'à l'extrême. Voilà. C'était ma réflexion dominicale.

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